▌Friday at night « When you look at me in eyes, I find my paradis. »

Le vendredi soir. Devenu depuis peu le moment favori de Leah de la semaine. Pourquoi ? Tout simplement car c'était un des rares soirs où elle pouvait se permettre d'attendre la fin du service de son petit ami afin d'aller le chercher à son lieu de travail, au " The Jefferson's ". Elle n'était pas vraiment une habituée de ce bar-là, préférant plutôt aller dans celui où se retrouvent la plupart des gens de son âge, mais en ce moment, elle se retrouvait plus souvent dans celui-ci que dans l'autre. Et pour cause : le garçon qui était en train de préparer les verres pour les clients et de nettoyer ceux déjà utilisés, là, c'était son petit ami. Enfin, plus que son petit ami : c'était celui dont elle s'était imprégnée. Charles Jonah Pearson, l'amour de sa vie, elle le savait.

On aurait bien cru que ce phénomène n'allait apparaître que chez les garçons du clan, mais non, il se produisit également chez elle. Et il s'était produit il y a quelques semaines, dans ce bar même : en rentrant d'une mission périlleuse mais tout autant infructueuse avec certains des gars de la meute, Leah avait eût besoin de décompresser un peu, de boire un coup avant de rentrer chez elle. Même si il lui manquait quelques mois afin d'avoir l'âge requis pour boire de l'alcool, elle savait que dans les différents bars de la ville, si l'on semblait suffisamment vieux pour en boire, personne ne posait de questions. Mais voilà que lorsqu'elle commanda son verre la tête baissée, perdue dans ses pensées, elle était tombée sur le seul serveur qui demandait les cartes d'identités ! Prise au piège, la louve n'eut d'autre choix que de relever la tête. Et quelle fut sa stupeur lorsqu'elle senti soudain une attirance profonde envers cet homme, comme si elle était amoureuse de lui depuis des années déjà, comme si plus rien n'existait autour d'eux, comme si le monde s'était arrêté pour lui laisser le temps nécessaire à contempler sans répit la magnifique personne qui se trouvait devant elle. Mais ce répit fut de courte durée, car le jeune homme réitéra sa question, et elle fut bien obligée de lui répondre, et de laisser couler le sourire béat qu'elle devait avoir plastré sur sa figure depuis quelques bonnes minutes déjà. Lorsqu'elle lui répondit en lui indiquant qu'il était bien le seul à la demander, le brun lui sortit un sourire éclatant ( nan nan, c'pas une pub pour colgate xD ) qui n'en fit que fondre encore plus Leah. C'est donc le plus naturellement du monde qu'elle lui expliqua la situation, tout en ne pouvant s'empêcher de flirter avec lui. Résultat, à la fin de la soirée - ou de la nuit, plutôt, elle était repartie avec son verre et le numéro de portable de l'homme de sa vie. Oui, car elle n'allait quand même pas lui sauter au coup en lui annonçant qu'elle s'était imprégné de lui, en lui expliquant que c'était du à un vieux rite de plusieurs centaines d'années, en lui apprenant pour le coup qu'elle était un loup-garou et que oui, ils existaient, ainsi que les vampires. Elle avait tout de même un peu plus de tact que ça.

Durant les semaines qui suivirent, les deux se virent plusieurs fois, et devinrent rapidement un parfait petit couple. Seth pouvait bien se moquer d'elle lorsqu'elle parlait de Chuck chez eux, elle pouvait tout aussi bien lui répliquer qu'il en faisait de même lorsqu'il s'agissait de Maria. La mère Clearwater ne savait plus vraiment où tourner de la tête, et se confiait beaucoup à Billy Black, qui, ayant subi la même situation peu de temps auparavant, savait comment réagir.
En parlant des Black, Jake avait l'air heureux pour Leah, vraiment. C'était, on pourrait dire, une des rare manifestations de l'amitié que les deux entretenaient, aussi invisible pour les autres soit-elle. Par contre, les autres commençaient à lui demander d'arrêter à penser à Chuck lorsqu'ils étaient en mission. Comme si eux s'arrêtaient de penser aux petites gamines qui leur assombrissaient l'esprit !

Enfin bref. Même si peu de temps s'était déroulé durant ces évênements, l'issue amenait donc la brune à attendre son petit ami dans ce bar, à presque deux heures du matin, en attendant la fermeture devant un verre - vide, depuis le temps, et observant sans cesse le jeune brun effectuer des mouvements qu'il avait l'air de connaître par coeur, bien qu'il lui ait assuré qu'il n'était pas en ville depuis bien longtemps. Elle le regarda nettoyer le comptoir, embarquer son verre vide, et remettre tout en place. Puis il vint l'embrasser légèrement sur les lèvres, tout en lui soufflant de l'attendre dehors. Ce qu'elle pouvait adorer lorsqu'il l'embrassait comme cela !

Elle quitta donc son emplacement au comptoir, lança une oeillade au brun, et sortit de l'établissement tout en remettant sa veste. Bien qu'elle lui fut peu nécessaire, elle se devait de porter des vêtements assez chauds pour la saison lorsqu'elle se trouvait en la présence de Chuck, car celui-ci ne devait pas apprendre pour sa condition, tout du moins, pas maintenant. Elle lui dirait en tant voulu, mais pour l'instant, elle n'en trouvait pas vraiment l'occasion.
Comment annoncer cela ? " Hé, salut chéri, au fait, je t'ai pas dit, mais tu vois, y'a des gens bizarres dans le coin, eh ben ce sont des vampires, et moi, je suis censée les chasser ! Tu vois, je suis un loup-garou ! " Non, il fallait trouver beaucoup, beaucoup plus subtil. Elle avait déjà fait part de ses inquiétudes à Jacob, mais celui-ci tenta de la rassurer en lui disant que le moment allait venir de lui-même. Bien sûr, le garçon n'était pas concerné par ce problème, vu que la fille dont il s'était imprégné faisait partie de la famille de vampire qui était la raison de leur condition actuelle !

C'est donc en ruminant ses pensées que Leah marchant doucement en direction de la voiture de Charles, ses talons hauts - car elle avait pris soin de retirer ses baskets avant de venir - claquant sur le macadam fraîchement refait du parking des employés du bar. Elle n'eût pas à attendre bien longtemps, car, à peine se fut-elle adossée contre la portière arrière de la voiture, Chuck sortit par le passage des employés, souriant quand il vit l'endroit où elle se trouvait. Lorsqu'il fut assez près pour l'entendre, elle lança, tout en souriant à son tour :

« Seriez-vous assez aimable de raccompagner une jolie jeune fille jusque chez elle ? Il fait très noir, et froid, et elle a peur de se faire prendre par de méchants garçons. . . »